J’étais une déesse portant en son ventre de nombreux fils. Au commencement, dans de vastes forêts remplies d’animaux angéliques je cultivais la conscience de la race des Elfes. J’imaginais qu’ils allaient chanter pour l’éternité des paroles de paix et d’amours. Comme je me trompais !
Des premières pensées de mon enfant naquis le conflit. Mère compréhensible, je tentais d’adoucir les Elfes par mes présents et mon amour. Je n’ai fais alors qu’accélérer la venue du désastre. Bientôt des clans se formèrent, mettant mon corps à feu et à sang. Je ne pouvais pas le supporter.
C’est de ma colère qu’apparurent les Dragons, destinés à châtier les premiers nés. Je leur concédais force et appétit au détriment de l’intelligence qui avait apportée le conflit. Ce n’est que lorsque les premiers chasseurs ailés s’élancèrent que je compris enfin mon erreur…
Observant les animaux, restés inchangés et pures, je sus que c’était mon intervention qui avait causée le mal. Il se produisit alors quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. Certaines espèces, vierges de toutes corruptions, commencèrent à reproduire le comportement destructeur des Elfes, jusqu’alors le seul peuple ayant une chance face aux Dragons.
Lorsque je les surpris à m’adresser leurs prières je ne pus me résigner à les condamner. Je fis exploser mon ventre en flammes immenses, engloutissant les monstres volants que j’avais engendrée. Je pensais alors que ma charité serait récompensée à sa juste valeur. Ce fut de haine et non d’amour que je fus inondée. De plus en plus des prières s’adressaient à moi. Non pas de modestes complaintes comme jadis mais des ordres odieux. Puis vint le silence, comme si je n’existais, aux yeux de mes enfants, qu’au travers de ce que je pouvais apporter.
Je pris alors mon ultime décision. Sondant le cœur de ceux qui me foulaient, je pris chaque vices et chaque qualités puis, divisant mon cœur de granit incandescent en parties égales, j’insufflais un maux ou un bienfait à chacune. Puis, avec une insondable tristesse, je les dispersais sur ce corps que mes fils appelaient Shallya avant de m’endormir, laissant mon destin suivre le cours qui lui été destiné.